À une semaine du début de la CAN 2025 , l’Afrique du Sud s’offre une énorme polémique. Hugo Broos, le sélectionneur des Bafana Bafana , est la cible d’une plainte déposée jeudi auprès de la Commission sud-africaine des droits de l’homme par le Mouvement démocratique uni (UDM), un parti minoritaire au sein du gouvernement de coalition au pouvoir dans le pays.
En cause : des propos « à connotation raciste et sexiste » tenus par le technicien belge en conférence de presse ce mercredi 10 décembre. Lancé dans une tirade à l’encontre de son défenseur Mbekezeli Mbokazi, arrivé en retard au rassemblement de l’équipe sud-africaine au Maroc après avoir manqué son avion, Hugo Broos s’est rendu coupable d’un gros dérapage.
« Hugo Broos doit répondre de ses paroles »
« C’est un nouvel exemple du comportement peu professionnel de nombreux footballeurs sud-africains (…) C’est un garçon noir, mais il va quitter mon bureau comme un garçon blanc », a-t-il lancé face aux médias, après avoir chargé « l’attitude » de son joueur et s’en être pris à son club, les Orlando Pirates, qualifiant les « excuses » apportées par la formation sud-africaine de « bêtises ».
Une sortie polémique qui a secoué l’opinion publique en Afrique du Sud , un pays encore très marqué par son histoire de ségrégation raciale . Les propos du sélectionneur de 73 ans ne peuvent « pas être considérés comme de simples remarques à la légère », a notamment jugé Yongama Zigebe, secrétaire général de l’UDM. « Le racisme et les attitudes suprémacistes blanches n’ont pas leur place dans notre société. Hugo Broos doit répondre de ses paroles », a-t-il réclamé.
En plus d’avoir attaqué publiquement Mbekezeli Mbokazi, Broos a également chargé Basia Michaels, l’agente du défenseur central de 20 ans, la réprimandant pour avoir laissé son joueur s’engager chez les Chicago Fire, aux États-Unis.
« Cette gentille petite femme pense connaître le football »
« Je sais pourquoi tout cela arrive », a-t-il affirmé. « Il se prend tout d’un coup pour une star. Cette gentille petite femme est son agente et pense connaître le football. Si elle était un peu plus intelligente, elle aurait attendu la fin de la Coupe d’Afrique et même celle de la Coupe du monde pour recevoir des offres d’autres équipes. Que va-t-il faire à Chicago ? Ce n’est même pas une équipe du top aux États-Unis. Ce n’est pas un bon choix », a tancé l’ancien sélectionneur du Cameroun, vainqueur de la CAN avec les Lions indomptables en 2017.
Face à l’ampleur prise par la polémique, le boss des Bafana Bafana a été contraint à réagir par voie de communiqué. « Il est regrettable que ma vive réprimande à l’encontre du comportement du joueur et mes commentaires ultérieurs aient été mal interprétés comme du racisme et du sexisme. Je me désolidarise de toute accusation de racisme et de sexisme », a-t-il ainsi sobrement déclaré.
Pas de licenciement à venir
En revanche, le poste d’Hugo Broos ne devrait pas être menacé avant le début de la CAN, puisque la fédération sud-africaine de football (SAFA) a décidé de soutenir son entraîneur, nommé en 2021, qui a contribué à qualifier de nouveau l’Afrique du Sud en Coupe du monde.
« Il est incompréhensible que l’entraîneur soit décrit de cette manière à l’égard d’un joueur qu’il soutient sans relâche depuis sa première sélection il y a quelques mois », a écrit l’instance via un communiqué. « La SAFA, les joueurs et le personnel soutiennent pleinement l’entraîneur Broos, et nous sommes maintenant entièrement concentrés sur notre participation à la CAN dans quelques jours. »
Sur le plan judiciaire, l’entraîneur belge ne devrait pas être inquiété dans l’immédiat, la Commission sud-africaine des droits de l’homme disposant de pouvoirs limités. Cette dernière peut toutefois saisir le Tribunal de l’égalité, en vue d’éventuelles poursuites.