« L’esprit sportif peut encore battre les stars et l’argent » : la fierté des supporters de Lens, leader de Ligue 1

Surprenant leader de Ligue 1 à la trêve après 16 journées, devant le champion d’Europe parisien, le RC Lens n’en finit plus de gravir les sommets jusqu’à se retrouver tout en haut de ch’terril.

De quoi raviver la fierté d’un territoire qui partage avec son club les valeurs de travail et de solidarité. Rencontre avec quelques-uns des plus fidèles supporters Sang et Or, entre passion, fierté mais aussi humilité et réalisme sur la possibilité de se maintenir au sommet.

La qualité de jeu unanimement saluée

Hugo, ancien jeune joueur de l’équipe de Lens, se dit « surpris de la première place qu’(on) occupe, mais pas du tout du jeu proposé cette année, connaissant les principes de Pierre Sage , de sa tactique et surtout de son management avec son équipe et son staff ». Ce fin connaisseur apprécie aussi « le mercato excellent de la part de Jean-Louis Leca (directeur sportif), qui a su transmettre les valeurs du club aux nouveaux arrivants ».

Une analyse partagée par Barnabé, habitant de Lens, qui n’est « objectivement pas surpris » par ce statut de leader , et remercie le coach et son staff qui ont apporté « un vent frais à l’équipe, solide avec des bonnes recrues, un état d’esprit, une ambiance plaisante. »

« Plus qu’un club »

Autre motif de fierté, les moyens (relativement) limités dont bénéficie le club artésien par rapport aux grosses écuries. « Les voir premiers, batailler avec le 10e budget de Ligue 1 contre Paris et Marseille, ça laisse encore un peu d’espoir. On se dit que l’esprit sportif peut encore battre les stars et l’argent », s’emballe Nicolas Szwanka, autre très grand fan du RC Lens.

Entre l’équipe et ses supporters, le lien va au-delà du foot. Le RC Lens est « clairement plus qu’un club, poursuit Nicolas. C’est vraiment une institution, pour laquelle on éprouve une forme de patriotisme, qui porte des valeurs, une identité, une histoire, un patrimoine ».

La passion, chez Nicolas, se matérialise par une impressionnante collection de maillots . « J’ai commencé quand j’étais petit, en recevant des maillots pour mon anniversaire ou quand je travaillais bien à l’école. J’en possède aujourd’hui 70, de toutes les périodes, des plus récentes aux plus anciennes. »

Son logement est en même en partie devenu un sanctuaire Sang et Or, à l’image de cette plaque du stade Bollaert-Delelis , achetée et renommée en l’honneur de son premier match dans le temple lensois. Une relation quasi religieuse avec son club, lui qui vit les matchs comme un véritable « pèlerinage », avec son rituel, cette « pression qui monte avant le coup d’envoi, comme un footballeur qui est dans le couloir ».

Un engouement qui profite au territoire

Une telle fidélité, dans le peuple Sang et Or, est liée selon Nicolas au « passé social de la région ». L’ancien royaume des mines de charbon revit avec son club. Et c’est tout le territoire qui en bénéficie. Éric, gérant du restaurant Le Pain de la bouche à Lens, est aux premières loges pour observer l’impact direct de ces victoires sur la rue.

« On est ravis, forcément. Quand on voit l’engouement qu’il y a autour de tout ça, c’est quand même sympa. Le restaurant est tout le temps plein, explique-t-il. Quand neuf personnes veulent venir mais qu’il reste une table de six, ils s’installent quand même et discutent de foot sans arrêt. »

Selon lui, le maillot Sang et Or efface toutes distinctions sociales et recrée à la place l’unité du bassin minier : « Les gens sont tous habillés de la même manière. C’est comme s’ils étaient costumés, donc ça, c’est rigolo. Pas de chefs d’entreprise, pas de médecins, pas de vendeur ni d’ouvrier… »

Une dynamique positive qui change la perception de Lens au-delà de ses frontières. « Des gens de Marseille et d’autres grandes villes viennent ici exprès pour voir le club, explique Éric. Des familles préfèrent payer l’abonnement aux matchs plutôt que de partir en vacances. Aujourd’hui, ce n’est plus nécessaire d’expliquer que Lens est à 30 km de Lille… Les gens savent où est Lens, on est fiers de dire que l’on vient d’ici. »

« Si le PSG joue à son niveau, la première place sera très dure à conserver »

Reste à savoir jusqu’à quand les Sang et Or vont s’accrocher à cette place de leaders. Nicolas pense que la dynamique « peut tenir un petit moment », mais reste réaliste : « Est-ce que ça va pour autant signifier qu’on va pouvoir être champions ? Malheureusement, il y a un facteur X qui s’appelle Paris. Si le PSG joue à son niveau, la première place sera très dure à conserver. »

Mais, avant de rêver de titre, ce qui compte, c’est de « profiter du moment où Lens est leader, résume Barnabé, fan lui aussi réaliste. Rien n’est fait, il reste tous les matchs retour, ce qui signifie qu’on va jouer Paris, Marseille et Lille… Rien ne garantit cette première place au classement. » Cette première place, « c’est génial, c’est une fierté, alors on profite parce qu’on sait que ça ne va sûrement pas durer », appuie Nicolas. Mais la ferveur des « Corons », entonné à chaque mi-temps à Bollaert, elle, n’est pas près de s’arrêter.