« Le football, ce n’est pas de la science » : le hors-jeu au millimètre fait encore débat après Union Saint-Gilloise-OM

En France, les images des buts refusés aux Belges de l’Union Saint-Gilloise ont interloqué. De l’autre côté de la frontière, la colère et la frustration se sont mêlées à l’incompréhension. Les Belges se sont inclinés contre l’Olympique de Marseille (3-2) lors de la 6e journée du premier tour de la Ligue des champions et leurs chances de poursuivre l’aventure européenne s’en retrouvent quasiment compromises.

À la 77e minute, l’égalisation de Kevin Mac Allister a été refusée pour un hors-jeu dont l’arrêt sur image a fait le tour des réseaux sociaux . Dos au but, comme le dernier défenseur marseillais, l’Argentin a été rattrapé par la VAR en raison de la position de son talon. Le coude d’Emerson était certes plus proche du but, mais les bras ne sont pas considérés lorsqu’il est question de hors-jeu.

Une première objection au millimètre - voire au pixel – près de l’assistance vidéo. Avant qu’un nouveau but soit refusé à l’USG dix minutes plus tard. Là aussi, l’attaquant Promise David ne semblait pas avoir une avance décisive sur ses adversaires, mais l’assistance vidéo a confirmé la vision de l’arbitre de touche (90e).

« Une histoire de millimètres »

« C’est une blague ? », s’est exclamé le commentateur à la télévision belge . Quelques minutes plus tard, la consternation n’avait pas quitté les rangs bruxellois. « Le football, ce n’est pas de la science, ce n’est pas une histoire de millimètres, a pesté Mac Allister en zone mixte. Ce n’est pas le football que j’aimais quand j’étais enfant. Mais bon, ce sont les règles et je ne peux rien y changer. C’est une question de millisecondes à la VAR. »

Le défenseur argentin a insisté sur Instagram en partageant une capture d’écran du révélateur : « Le football meurt », a-t-il écrit en légende. « Mon cœur de fan de foot a mal aujourd’hui, quand on voit ce but refusé d’un millimètre, d’une cheville. Kevin ne tire en plus aucun avantage de cette position-là », a renchéri son entraîneur David Hubert.

Tout en restant diplomatique, Adem Zorgane a affirmé son désaccord. « On respecte toujours les décisions de l’arbitre mais dans d’autres cas, ça aurait été accepté, a assuré le milieu. Je viens de voir l’image, c’est un millimètre ou deux. Je ne suis pas d’accord avec cette décision parce qu’il n’y a pas d’impact sur la situation. Pour moi, c’est but. »

La presse belge a suivi l’aspiration des joueurs. Pour la RTBF , l’USG a été « crucifiée par Marseille et le VAR ». La plupart des médias étaient assez fatalistes, pointant les conséquences sur le destin européen des Unionistes. « Quand on sait que les images télévisées ne peuvent être arrêtées qu’au quart de seconde, et pas à l’instant immédiat, comment être sûr que le joueur était réellement hors-jeu au moment exact de la passe ? », souligne L’Avenir , selon qui « le football a une nouvelle fois perdu » contrairement à « un règlement sans doute dépassé depuis plusieurs années ».

La loi Wenger en question

En tout cas, l’impression de déjà-vu est tenace. Cette séquence rappelle celle du but refusé à Kylian Mbappé un mois et demi plus tôt lors du Clasico remporté par le Real Madrid (2-1). À nouveau, les défenseurs de la loi Wenger vont pouvoir se servir de cet exemple pour promouvoir la proposition de l’ancien entraîneur d’Arsenal.

Celle-ci prévoit de déclarer la position du joueur illicite sur une phase offensive, seulement si son corps dépasse celui du dernier défenseur dans son intégralité. Aujourd’hui, seule une infime partie du corps - hors bras - suffit à signaler l’attaquant hors-jeu.<https://www.leparisien.fr/resizer/N...>

« Ils veulent fluidifier le jeu et encourager l’offensive dans un football qui est souvent ralenti par la technologie et les décisions au millimètre, avait expliqué l’ex-arbitre international Bruno Derrien. Mais est-ce qu’on ne va pas juste déplacer le problème ? Force est de constater qu’il y avait déjà des buts refusés pour des hors-jeu chirurgicaux. Les débats vont continuer et, sur certaines situations, on dira que l’attaquant n’est pas complètement devant le défenseur… »

Fin octobre, l’IFAB a concédé qu’un débat était nécessaire pour déterminer s’il était envisageable de « réduire les décisions de hors-jeu marginal ». L’association qui détermine les règles du jeu devrait discuter de la question le 20 janvier prochain.