Pourquoi l’OM n’a pas joué la Coupe intercontinentale en 1993 malgré sa victoire en Ligue des champions

Certaines histoires reviennent comme des refrains, des épisodes qu’on croit connaître par cœur tant ils ont marqué une époque, et qui pourtant révèlent toujours, en les revisitant, une vérité plus profonde. Celle de l’OM 1993 appartient à cette catégorie : une épopée qui tutoie les sommets avant de s’abîmer dans la chute.

On se souvient de Munich comme d’une apothéose , mais derrière l’image de la tête de Basile Boli surgissant dans le ciel allemand se cache un chapitre moins glorieux : celui d’une Coupe intercontinentale que Marseille n’a jamais jouée. Et ce vide raconte, à sa manière, toute la complexité de cette année-là.

On rembobine. Le 26 mai 1993 en Bavière, Marseille devient donc le premier club français à remporter la Ligue des champions contre le grand AC Milan de Van Basten, Maldini, Baresi ou Rijkaard (1-0). Un titre immense, unique pendant plus de trente ans, avant que le PSG ne finisse par inscrire son nom au palmarès le 31 mai 2025 en surclassant l’Inter Milan (5-0).

Mais malgré ce sacre, l’OM ne jouera pas la Coupe intercontinentale - la « Coupe du monde des clubs » de l’époque - qui opposait entre 1960 et 2004 le champion d’Europe au lauréat sud-américain de la Copa Libertadores.

Mis au ban, l’OM conserve néanmoins son titre européen

L’affaire VA-OM est passée par là . Rappel des faits : le 20 mai 1993, avant un match de championnat contre Valenciennes, des joueurs nordistes révèlent avoir été approchés pour « lever le pied ». Le scandale prend une ampleur nationale : Bernard Tapie est visé, l’image du club s’effondre du jour au lendemain, et les instances commencent à enquêter. Le 4 juin 1993, la Ligue nationale présidée par Noël le Graët porte plainte contre X, une information judiciaire est ouverte.

L’UEFA, déjà très irritée par ce mauvais vaudeville, frappe fort. Si elle ne retire pas la Ligue des champions aux partenaires de Didier Deschamps, estimant qu’il n’y avait aucune raison objective de douter de la légalité du succès phocéen dans cette épreuve, elle prononce en revanche en deux temps des sanctions sportives sévères : le 6 septembre, d’abord, elle interdit à l’OM de disputer la C1 1993-1994 (Monaco est désigné en remplacement).

Le 27 septembre ensuite, en plein accord avec la Fifa, elle l’exclut de la Coupe intercontinentale 1993 et ne l’autorise pas davantage à participer à la Supercoupe d’Europe. Cinq jours plus tôt, on avait aussi enlevé aux Phocéens leur titre de champion de France 1993.

L’UEFA informe la CONMEBOL que l’OM n’est plus autorisé à prendre part à l’Intercontinentale. L’AC Milan, finaliste, se substitue à Marseille et s’incline le 12 décembre 1993 à Tokyo face au Sao Paulo FC de Leonardo malgré un but de… Jean-Pierre Papin, l’emblématique buteur de l’OM (2-3).

Dans un autre monde, l’histoire aurait filé droit : un champion d’Europe qui va défendre son trône au bout du monde, une confrontation de styles et de continents, un dernier sommet pour sceller une dynastie. Mais en 1993, l’OM n’a pas eu droit à cette scène finale. Ce match fantôme — celui qui n’a jamais eu lieu — hante encore un peu la mémoire des plus anciens supporters phocéens, comme un chapitre arraché au livre.

Ce n’est pas seulement une ligne manquante au palmarès, mais un moment de gloire suspendu, un éclat que Marseille, rétrogradé administrativement en D2 le 22 avril 1994, n’a jamais pu faire briller. Et peut-être est-ce pour cela que la légende de l’OM 93 touche autant : parce qu’elle porte en elle cette contradiction puissante, celle d’un club capable de toucher le sommet de l’Europe et, quelques semaines plus tard, de péricliter dans un fracas immense.