« Une gigantesque trahison » : pourquoi les prix des billets pour la Coupe du monde 2026 n’ont pas fini de grimper

C’est la Coupe du monde de toutes les folies et, surtout, de toutes les polémiques. Plus encore que la dernière édition disputée au Qatar, le mondial de football , avec notamment les décisions politiques et sécuritaires de Donald Trump, multiplie les controverses. La dernière en date ne devrait pas arranger la situation.

Si le prix des places pour le tournoi a toujours été un sujet sensible et ne cesse de croître de façon exponentielle depuis des années, le prochain tournoi va atteindre des records. Assister aux matchs ne sera pas à la portée de toutes les bourses.

Après avoir vules tarifs des chambres d’hôtel exploser , les supporters, heureux élus d’un tirage au sort, devront casser leur plan d’épargne pour obtenir le précieux sésame. Mais cela risque de ne même pas suffire pour la plupart d’entre eux.

Avec l’ouverture ce jeudi 11 décembre (et jusqu’au 13 janvier) d’une nouvelle campagne d’achats de billets pour le public, les prix des places pour les 104 matchs de la Coupe du monde coorganisé au Mexique, au Canada et aux États-Unis se dévoilent et ils sont élevés.

Tarifs élevés dès le match d’ouverture

Les premiers prix pour le match d’ouverture entre le Mexique et l’Afrique du Sud le 11 juin à Mexico débuteraient en effet à 867 euros. Plus la compétition avance, plus les matchs diminuent et plus les tarifs augmentent. Le summum est logiquement atteint pour la finale du Mondial, prévue le 19 juillet au MetLife Stadium à proximité de New York.

Pour ce match les premiers billets coûteraient, selon les données actuelles, la bagatelle de 3 559 euros. Pour ce prix le spectateur sera évidemment situé tout au haut de l’immense enceinte. Une place en catégorie 1, évidemment mieux située, est affichée à 7 383 euros. Pour mémoire le prix le plus élevé pour la finale du Mondial 2022, au Qatar, entre la France et l’Argentine s’élevait à 1 460 €.

Pour les fans de l’équipe de France les tarifs de base des trois matchs dans le groupe I sont également disponibles. Pour le match contre le Sénégal, le prix des places en 3e catégorie a été fixé à 220 dollars (187 euros). Cela grimpe à 465 dollars (395 euros) en 2e catégorie et à 620 dollars (527 euros) en 1re catégorie. Le match contre la Norvège est encore moins abordable .

« Beaucoup de fans sur la touche »

A en croire Gilad Zilberman, PDG de SeatPick , une plateforme spécialisée dans la revente de billets, plusieurs raisons expliquent cette tarification élevée qui pourrait s’accentuer. Dans un communiqué il assure en effet que « pour la première fois, les organisateurs appliquent une tarification dynamique : les prix s’ajustent en temps réel en fonction de la demande ». Il explique : « la valeur nominale n’est donc plus fixe, ce qui entraîne une augmentation significative des tarifs. Par ailleurs, les États-Unis disposent de grandes arènes haut de gamme avec des installations de qualité, et le fait que la compétition soit organisée par trois pays contribue naturellement à faire grimper les coûts. Les organisateurs permettent également au marché de la revente de fixer librement les prix, ce qui représente une charge financière importante pour les supporters ».

Pour le dirigeant cette pratique entraînera logiquement l’exclusion de la plupart des amoureux de football. « Le risque est réel que le tournoi devienne davantage une vitrine commerciale qu’un événement pensé pour les supporters, s’inquiète-t-il. Même si des prix élevés étaient prévisibles en raison de l’énorme demande et de l’attrait mondial de la Coupe du monde, la tarification dynamique risque de mettre beaucoup de fans sur la touche. »

Toutefois, sur son site, la Fifa se défend d’une telle pratique. Pour justifier la façon dont elle détermine les prix des billets de la prochaine Coupe du monde, elle indique en effet : « L’approche de la FIFA en matière de billetterie s’aligne sur les tendances de l’industrie dans différents secteurs du sport et du divertissement, où des ajustements de prix sont effectués afin d’optimiser les ventes, l’affluence et de garantir une juste valeur marchande. La FIFA applique une tarification variable et peut ajuster le prix des billets au cours des phases de vente en fonction de la demande et de la disponibilité pour chaque partie. Toutefois, la FIFA n’applique pas de modèle de tarification dynamique pour la Coupe du Monde, étant donné que les tarifs ne sont pas automatiquement modifiés ».

« Revoir les prix des billets »

Cette précision ne sera pas de nature à calmer la colère des supporters qui ont déjà manifesté leur mécontentement. L’association Football Supporters Europe (FSE) s’est ainsi indignée ce jeudi des « tarifs exorbitants » annoncés. FSE est « stupéfait » par les « tarifs astronomiques (…) imposés par la Fifa aux supporters les plus fidèles », ceux qui peuvent acheter leur place par l’intermédiaire de leur fédération pour suivre leur équipe par le biais des billets appelés PMA (Participating Member Association allocation).

L’association de supporters demande à la Fifa de « suspendre immédiatement les ventes de billets PMA », « engager une consultation » et « revoir les prix des billets » jusqu’à trouver « une solution respectant la tradition, l’universalité et la portée culturelle de la Coupe du monde ».

« Pour ajouter l’outrage à la blessure, a poursuivi l’association de supporters, la catégorie de prix la plus basse ne sera pas accessible » aux billets PMA car ces places seront réservées « à la vente générale, soumise à une tarification dynamique. C’est une gigantesque trahison de la tradition de la Coupe du monde, qui ignore la contribution des supporters au spectacle », a conclu FSE.

Le dossier de candidature publié en 2018 promettait des billets à partir de 21 dollars (18 euros). « Où sont ces billets aujourd’hui ? » a demandé l’association.